L’autodidacte et fils d’agriculteur Felix De Boeck a une trajectoire artistique distincte. Encouragé par Prosper De Troyer (1880 – 1961), De Boeck échangea le post-impressionnisme contre le fauvisme expressif et le futurisme à partir de 1917. Pendant les dernières années de la Première Guerre mondiale, De Boeck expose à Bruxelles avec le groupe Doe Stil Voort, où il rencontre d’autres jeunes, tels que Jozef Peeters et Victor Servranckx. En 1919, il entre en contact avec Pierre-Louis Flouquet (1900 – 1967) et les frères Bourgeois. Pierre (1898 – 1976) est poète et Victor Bourgeois (1897 – 1962) est architecte. Ce dernier rencontre De Boeck au Centre d’Art de Bruxelles, où il assiste à une conférence de Theo Van Doesburg (1883-1931) sur Nieuwe Beelding et De Stijl en 1920.
De Boeck peint des masques abstraits géométriques et circulaires en réaction aux bouleversements économiques et sociaux de la Première Guerre mondiale et à la volonté de ‘construire un nouveau monde’. Pendant une courte période (1919 – 1921), son travail évolue vers l’abstraction par une stylisation extrême des masques et des paysages. Bientôt, elle fera place à une pure profondeur bidimensionnelle suggérée par un jeu de diagonales et de dégradations de couleurs. L’espace abstrait ainsi créé, souvent avec un accent sur le point central, devient un élément mystique récurrent dans toute son œuvre. En 1923, De Boeck reçoit un article richement illustré dans les deux magazines d’avant-garde de Belgique, 7 Arts et Het Overzicht.
Après 1925, De Boeck devient membre du groupe L’Assaut, où il souligne le lien entre les arts plastiques et le théâtre, aux côtés de Jean-Jacques Gailliard, Servranckx et Flouquet, entre autres. À partir de 1930, son œuvre devient nettement figurative, les thèmes philosophiques et religieux étant abordés de manière symbolique. Sa figuration, dans la continuité du ‘sphérisme’ de Boleslas Biegas (1877-1954), est caractérisée par une structure circulaire et l’utilisation d’une boussole. Influencé par l’école de Beuron de Desiderius Lenz (1832 – 1928), il utilisera la géométrie dans toute son œuvre pour créer des portraits et des paysages idéalisés. Après la désintégration du mouvement abstrait, De Boeck reste en contact avec des artistes et des écrivains tels que Herman Teirlinck et Maurice Carème.
Sa ferme à Drogenbos était déjà dans les années 1920 déjà fréquentée par Frits Van den Berghe et Albert Daenens, entre autres, et devient une attraction pour les anciens et les nouveaux contacts. Cela restera ainsi jusqu’à la fin de sa vie. Comme beaucoup de ses contemporains, il reviendra à l’abstraction dans les années 1960, lorsque les pionniers du mouvement seront redécouverts. Ce n’est que pendant ses dernières années (1980 – 1995) qu’il créera une synthèse de nature abstraite avec les thèmes ‘espace’ et ‘point de départ et d’arrivée’.